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Herman Gorter -- Mai. Chant I.
Herman Gorter
MAI – un po&me
Traduction par Nicolas Ouwehand & 2000
Texte orginal en n&erlandais
& Un nouveau printemps et un nouveau son&:
Je veux pour ce chant la modulation
Que j’entendais souvent les soirs d’&t&
Sur les canaux d’une vieille cit& –
Dedans il faisait nuit, mais dans la rue
Le cr&puscule s’assemblait, dans les nues
Brillaient encore quelques reflets, blonds
Sur les fa&ades face & ma maison.
Alors un gar&on sifflait un air pur,
Trilles qui tremblaient dans l’air, comme m&res
Cerises, quand la brise du printemps
Secoue les bosquets et souffle en partant.
Il s’en allait sur les ponts, par les quais
Le long des canaux, partout aussi gai
Qu’un jeune oiseau il sifflait, sans savoir
Sa propre joie pour le repos du soir.
Et maint homme en prenant, las, son repas,
L’&coutait comme un conte d’autrefois,
Et souriait, puis fermant la fen&tre
Sa main s’attardait sur l’espagnolette.
&C’est ainsi que je veux que ce chant sonne,
Et je voudrais surtout qu’il l’impressionne
Elle, &clairant plus que le doux regard
Qui me sourira… ses mains, le rempart
De son bras & mon cou. Une coupole
De clart& n&buleuse m’aur&ole,
Ma voix br&le en moi comme le feu jaune
Du gaz dans la cage en verre, et bourgeonne
Le tronc d’un ch&ne en rameaux verdoyants&:
&Ecoutez, l’on entend un nouveau chant&:
Un mar&chal novice est annonc&
Sur le seuil par un h&raut galonn&.
&La mer flottait bleue, l’eau du soleil
Coulait fra&che de la source dor&e
Sur des vagues laineuses, que lav&rent
Les rayons de l’astre, des flots ouverts
Bondirent tels des b&liers blancs les cr&tes
Orn&es d’&cume, cornes sur la t&te.
&Mais & ses confins la mer s’arisa
Encore et encore en une armada
De nu&es, abeilles d’or dans l’azur,
Milles bouches soufflaient en gouttes pures
De la ros&e ronde et du sel & fleur
De coquilles aux l&vres rouges, fleurs
De la plage, cr&meux, jaunes de gr&s
Et roses comme ongles d’enfants, tigr&s,
Bleus de plomb comme un soir d’intemp&ries.
Des conques murmurent leurs m&lodies&;
Se r&pand dans la rumeur du ressac
Un son plus clair comme dans un mot sec
La voyelle humide, et les coquillages
Tintent dans l’eau scintillante et propagent,
Verrerie, cailloux, anneaux m&talliques,
Sur l’aile du vent bulles de musique.
Survolant les dunes flottent en bandes
Jusqu’au-dessus du jardin de Hollande,
Celles belles et pleines qui tomb&rent
Se brisaient en tombant et r&sonn&rent
En musique plus pure que des voix,
Chaque dune endormie se r&veilla.
&Et dans un berceau d’eau, loin sur la mer –
Duvets d’&cume ondulant de concert –
Un jeune Triton s’&veille et un rire
Se r&pand sur ses traits, quand il admire
Tous les monts aquatiques qui l’entourent
Et un blanc nuage comme une tour,
Sa corne il tient dans son bras nu, en or.
Il souffle dedans, un doux timbre sort
Comme une pluie d’&t& de l’embouchure,
Puis riant fort il tourne & toute allure
Et nage en haut dans une cataracte
D’&cume et de neige qui se contracte
Entre deux montagnes d’eau, et voyez,
Il se niche dans l’eau cr&pue, b&b&
Pouponn& dans le giron de sa m&re&;
D&tremp& de gouttes rondes la serre
De ses bras roses, de sa jolie bouche
Sortent des vagissements&; il embouche
La corne d’or de ses l&vres joufflues,
Fontaine de sons brillants et cornue
De lait blanc m&l& au vin qu’il entra&ne,
Rougissant & travers la porcelaine.
Assis dans l’eau il voit vague apr&s vague
Se dresser et rit comme d’une blague,
&Eclate de rire et l&ve un bras blanc,
Et par les flots va un effarement.
&Alors la mer devint comme un grand homme
D’autrefois, v&tu d’atours riches comme
Il n’en est plus ces jours&: velours et soies
Comme d’argent, ses fourrures chatoient,
Venues de Sib&rie&; cuivre poli
Br&lant de mille feux dans les replis
De ses braies, en boutons et passements
De sa large pelisse, s’&vasant.
&La mer &tait-elle ainsi&? Non, en liesse
Comme une ville lors de la kermesse,
Paysans, paysannes & danser
&A l’auberge et brillant sur le march&
Un cercle de vendeurs de bibelots.
Ou quand un roi vient et que les falots
Brillent aux fen&tres, les drapeaux blancs
Flottant des toits. Tel &tait l’oc&an,
Les fa&ades pavois&es, aux pignons
Des vagues des rang&es de lumignons,
Un peuple entier paradant. &A la brasse
Nymphe et elfe de la mer se pr&lassent
Sur les vertes pentes. Mais des Tritons
Barbus restent sur le c&t&, clairons
&A la bouche, en une longue avenue
De son sur la face de la mer nue.
&Le bruit diminua et un nuage
De lumi&re flotta sur le visage
De la mer, pr&s des nu&es une troupe
De jeunes vents plaisantait. Puis d’un coup
Tout se tut. Et de la brume en glissant
Sortit un bateau, avec rougissant
Sur la proue devant la voile, une enfant…
Douleur, maintenant que mon cœur se fend,
Ma voix se brise & ce nouveau vocable
Qui vient de na&tre… il y a part aimable
En toute chose, et qui le sait toujours
Ira le long de l’eau au petit jour
Ou par les pr&s les pieds dans la ros&e.
Pour lui jamais de brouillard, mais un mai
Plein d’enfants et un ruisseau plein de fleurs
O& comme moi il trouve sa demeure,
Mais cette enfant n’&tait que charme pur&;
Tranquille elle regardait, l’ouverture
De ses yeux r&jouis brillait & l’ombre
De la voile, elle rougissait si sombre,
Si douce et jolie, p&tale de rose
Souffl&e par le vent des bois, qui se pose
Sur l’eau d’un ruisseau sous les noisetiers
Et le suit jusque dans les vastes pr&s
O& tout est vert et le haut ciel si bleu.
&Etonn&e, & douter encore un peu
De l’eau, jusqu’& ce que l’&tonnement
Soit remplac& par un rire confiant
Et qu’elle voie les fontaines de mousse,
Les vagues au jardin de mer o& poussent
Des fleurs blanches, ou le Vent qui se lance
Comme un jeune & la foire dans la danse,
Ou les nageoires rouges d’un dauphin
Sortant de l’eau. Tout &a &tait butin
Pour de jeunes yeux. &A quelque distance
Un dieu marin soufflait avec prestance
Dans un cor, les joues gonfl&es d’importance.
&A la ronde claironnait l’air et l’eau
Et de tels &clats semblaient tout nouveaux
&A qui n’entendit jamais de pareils&;
Satur&e, elle trouva le sommeil
Le bateau glissait&; le soleil brillait,
Le vent autour d’elle l’accompagnait.
&Qui &tait-elle&? De douze sœurs l’une,
Qui se tiennent sur le soleil, chacune
&A sa place dans leur ronde enfantine.
&A tour de r&le quittant la rondine
L’une abandonne les autres sœurs, mais
Leurs larmes sont peu nombreuses, jamais
Ne durent dans l’or de tant de lumi&re.
D&j& leur bonheur revient, leur mis&re
Cesse – pourtant leur tristesse fut pire
&A ce dernier vide ouvert, tant les rires
Duraient avec elle, qui fut souvent
La plus jolie et la joie de tous, sans
Jalousie. Mais elle s’en est all&e.
Les sœurs se penchent, la voient emport&e
Par la mar&e haute. Un brouillard de sons
S’&l&ve de l’&cume et des clairons
Jusqu’& elles. Les enfants la regrettent,
Se tiennent ensemble, en pleurs et muettes.
Ce sont les mois blonds, venues une & une,
N&es pareilles quand leur m&re la lune
&Etait pleine dans la nuit &toil&e.
Elle mit bas nue, mais fut consol&e
Par le soleil, accompagn& d’Aurore,
Qui la couvrit de son long manteau d’or,
Lui les accueillit. Voyez ces beaut&s
En un cercle blond, mais les a quitt&s
La plus blonde et jolie, petite Mai.
&Rien dans le vaste monde n’est si gai
Que la terre&: Cynthia dans sa barque
Nocturne exhibe en riant un bel arc
De dents blanches et les G&meaux aussi
Lui demandent&: passera-t-elle ici&?
Il y a toujours de la joie dans l’air,
Partout o& elle passe et le doux air
De ses ailes fuit. Quand des fleurs tapissent
Sa route et des anges les r&unissent
En disant son nom, et qu’elle &tait pleine
De miracles. Couch&s dans l’herbe pleine
Qui pousse dans les pr&s du ciel, jacassant
Longuement ou bien simplement r&vassant.
&Une chose est triste et cause des plaintes
Toujours tout autour de la terre en maintes
Brumes confuses&: c’est le changement
D’&tre en non-&tre et que chaque &l&ment,
&Ame et fleur, d&rive jusqu’& ce pays
Blanc et muet et & la mort pareil.
Car comme toujours & la fin de l’an
Les oiseaux migrateurs en caquetant
Quittent nos contr&es, volant haut en bandes,
Que les enfants dans la rue les entendent,
Regardent, disant&: &&L’&t& est fini,
Le froid vient&& – dans les nu&es infinies
Les oiseaux s’en vont – ainsi tout finit.
Mais comme moi je parcourais un soir
La plage, mon cœur pourtant sans espoir,
Mais tremblant et inquiet – et comme alors
Juste devant le ciel, devant ses ors
Un oiseau, b&te noire qui volait,
Sur sa queue et ses plumes s’&talait&:
Ainsi chaque chose vient et repart,
Belle parce que seule. C’est la part
De l’Inqui&tude, n&e du cr&puscule
De ses entrailles, qui d’un coup recule
O& la mort frappe – mais elle illumine
La vie. Eh bien, moi je cherche la mine
De Mai aussi longtemps qu’elle v&cut.
&Elle errait sur les bancs, o& un nuage
De sable rouge ornait l’eau, au passage
Le peuple se tenait, mais dans un vert
Antre une sir&ne et un dieu de la mer.
Mai les vit et rit en un doux &clat
Qui dura peu, puis de l’eau s’&leva
La cr&pitation d’applaudissements,
Langue agile de femmes jacassant.
Il fron&a les sourcils, elle rougit
De sa joue rose – Mai se leva, prit
Une bo&te d’argent qu’elle tendit
Immobile – de son bras lentement
Glissa un repli du v&tement blanc.
Alors cent yeux virent, vint un silence
Tel que l’on n’entendait plus que l’avance
De l’eau sur les monts et les quelques rires
&Etouff&s venant apr&s le plaisir.
L’argent scintilla – alors s’envol&rent
Deux papillons dansants, l’un de la paire
Comme deux feuilles d’ivoire de l’Inde,
L’autre lambeaux persans d’&charpe peinte.
&Changeant d’&clat les papillons partirent,
Dansant sur le ressac, puis ces mots dirent
Les l&vres de Mai&: &&Le long jour finit
Dans l’ouest nuageux&: le soleil aussi
D&cline, il fait sombre et je ne peux plus
Rester. Partez & la nage. J’ai vu
Tant&t d&j& s’illuminer l’&toile,
Page qui de mon p&re tient le voile,
Loin & l’est la lune attend, une tra&ne
De clart& &mane du diad&me.
Aussi adieu. Hors d’ici. Mais sans bruit,
Car je veux porter ma premi&re nuit
En silence. La lune est l&, voyez,
Elle me suivra, vous pouvez aller.&&
&Comme la nuit les canards, endormis
Dans les herbes du foss&, & grand bruit
Clapotant s’&veillent soudain, cancanent,
Lapant des lentilles d’eau, qu’une cane
Se dresse en battant fort de l’aile et crie&:
Ainsi d’un profond silence naquit
Un remous quand ils s’en furent. Longtemps
S’&teint l’&cho des cors sur l’eau, un chant
De sir&nes s’&loignant & la nage,
Ici flottent des amants, l&-bas charge
La haute vague un jeune dieu, inquiet
Si Mai se trouve o& elle est – oh ! elle est
Comme une balise blanche&: ce soir
En mer tous d&sirent aller la voir
En suivant les vagues. Maint prince oublie
Son arm&e de corail, mais reste assis
Dans son manteau, loin l&-bas o& l’eau passe
Sous la lumi&re d’une &toile basse.
&Laiss&e toute seule elle eut presque peur,
Voyant venir avec de tristes pleurs
Les vagues, comme des femmes entourent
Un pauvre homme mort noy& – tour & tour
Leurs bras frappent en des gestes sauvages –
Ainsi les vagues tombaient sur la plage
Toujours plus sombre et son cœur se vida
D’angoisse, quand des nuages coula
Une pluie de rayons de lune bue
Par les flots. C’est ainsi qu’un jour j’ai vu
Un moine aupr&s d’un noir tonneau replet,
Qu’il d&boucha, le verre d&j& pr&t,
Qu’un &clair coula comme si le vin
Contenait toujours le soleil du Rhin.
De m&me la lune dans un haut vent
A pench& son urne pour son enfant.
Et entre mer et nuage une cave
De vin lumineux coulait sans entraves
Sur son pied. Et autour de son mollet,
Pataugeant, au clair de lune riait
De chaque goutte la lune en petit&;
S’arr&ta souvent quand souvent le vit.
&Sur la plage un mont de sable, un ch&teau
B&ti par des enfants, l’&cume et l’eau
Noient les douves lorsque la mar&e monte&:
Les petits pieds nus fuient et la mer gronde.
Œuvre d’enfants de p&cheurs ou peut-&tre
D’elfes de la mer, comme on voit para&tre
Un matin d’&t&, quand le soleil t&t
Commence & briller d’un &clat p&lot&;
Au loin il y a alors l’apparence
D’enfants press&s qui des dunes avancent,
Gar&ons et filles, rose clair et nus.
Quand le sable blanchit ils n’y sont plus.
Peut-&tre ainsi fut b&ti le ch&teau
O& elle s’assit contre un mur, au beau
Milieu des coquillages, que transforme
En tr&sors lumineux la lune, mornes
Quand cessent ses rayons et que n’y logent
Plus que des plaintes, non plus les &loges
D’une fin d’apr&s-midi en &t&.
Oh ! comme il lui co&tait de voir changer
L’obscurit& dans le ciel sur la mer,
De la lune la laiteuse lumi&re
Glissait des nuages dans le n&ant
O& brillaient les &toiles, s’&teignant
Tour & tour comme des fleurettes pr&s
D’une rose. – La lune y d&versait
Une averse de rayons, fatigu&
Son cœur d’enfant fut long & se calmer.
&Quand elle s’endormit, ce fut alors
M&re qui s’en va d&s que l’enfant dort,
La lampe lunaire en sa main s’&teint
Derri&re les nuages, un lambrequin
Gris-brun voilait le ciel bas&; un portail
O& la lune se glissa, une faille
Br&la encore avant d’&tre mouch&e.
Elle dormait sur la plage, couch&e
En paix comme un mollusque, ne bougeait
Que l’eau peu profonde, qui remontait
Parfois jusqu’& elle en &tincelant
D’une ride l&g&re, ressemblant
Qu’une bague, rouill&e, l’eau capricieuse
Joue autour avec la pierre pr&cieuse&;
Elle buvait le sommeil, sans un bruit
Sa respiration soufflait dans la nuit.
&Alors commen&a sur la vaste sc&ne
Des flots comme une ancienne pi&ce pleine
De cris de meurtre et d’une odeur de sang
Dans la salle – la sc&ne est vide&: un grand
Orage fait rage autour du pignon,
Des tuiles tombent, la garde en faction
Aux remparts entend un bruit d’ennemis.
La pluie pleure et cingle, le vent mugit,
Un tueur fuit la maison et l’on sait
Qu’un cadavre y g&t&: il tonne, un mauvais
Rayon de lune sabre le d&cor.
&Les fonds marins semblaient g&mir des morts
Embarqu&s un jour cherchant l’aventure
Et rentr&s en remorquant des captures
Charg&es de fruits des Antilles, d’argent,
Les p&cheurs voyaient les marins montrant
Des tours sur la c&te alors qu’ils passaient
Leur bastingage, et qu’orange luisaient
Les pommes, les citrons et la couleur
D’or et d’argent et qu’on sentait l’odeur
Douce qui sortait par les &coutilles.
Mais quand la nuit ses nuages sortit,
Les lourds coussins qui forment son arm&e,
O& elle dort – elle vit se briser
La remorque et &chouer le navire.
Rude &clata de sa gueule son rire. –
Ils semblaient g&mir : &tendus dans l’or
Sous l’eau, vieux et r&sign&s, dans la mort
Bl&mes et noirs, de leurs l&vres sans cesse
De faibles cris tels d’hommes en d&tresse,
Et berc&s par les flots. C’&tait affreux.
Mais Mai sourde de sommeil, de ses yeux
Clairs ne vit pas un regard, elle &tait
Fleure nocturne dans un gazon &pais :
Elle buvait le sommeil, sans un bruit
Sa respiration soufflait dans la nuit.
&Longtemps seuls ces pleurs affreux de la mer
Montaient, on aurait dit plainte am&re
Qui fait l'automne dans les bois, le vent
Dans l’&tre d’une chambre o& un enfant
Essaie de dormir. Mais il sent des pleurs
En lui-m&me et ne dort pas, tant effleure
La mer ce bruit solitaire, allant haut
Tant&t, haut dans le noir, l& o& la faux
Du vent d&chire les nuages, bas
Sur les vagues assoupies o& de gras
Cachalots nagent avec componction.
Puis r&sonna comme un cri de h&ron
Qui appelle & minuit dans les marais,
Si bien qu’un voyageur dans la for&t
S’arr&te dans l’herbe au bord du chemin
&A l’ reprend chemin
Au clair de lune, plein d’&tonnement.
&Qu’est-ce qui au loin s’assombrit autant ?
Le ciel est-il pris d’&motion ? Est-ce
Les p&cheurs qui reviennent, quel est ce
Battement de pluie ? J’entends croassant
Un oiseau comme dans un ouragan
Quand un cadavre gris g&t sur la gr&ve.
Qu’y a-t-il, qu’est-ce qui trouble les r&ves
De Mai, qui ouvre les yeux lentement,
Fixement, comme une malade en blanc ?
Ou est-ce que ce sont ses r&ves &tranges
Venant en procession le long des franges
De la mer, des vagues blanches & leurs pieds.
Et l’œil de Mai cherche & les rencontrer,
Que portent-ils, ces hommes sombres en
Chasubles, &coutez, ils vont lamentant
Peut-& elle g&t en bi&re.
Elle est jeune et dans sa blonde crini&re
D&nou&e se perdent les fleurs d’Avril.
Malheur, c’est sa sœur, voyez-la f&brile
D’aller la voir, de baiser sa main bl&me
Sur le linceul blanc, mais le sable m&me
La retient, &coutez, comme elle pleure.
Des corbeaux volent, leurs cris de malheur
D&chirent l’air et une rumeur sourde
Comme d’une chute de neige lourde
S’&l&ve des pieds qui s’en vont d&j&.
Tout doux, mon enfant, ne regarde pas.
La Mort caracole, un grand homme bl&me,
Apr&s le cort&ge, lui seul & m&me
De nous consoler, le voil& qui passe,
Tout doux, ce qui est mort il le ramasse.
&Comme les moutons sur la lande, tard
Dans la lumi&re verd&tre du soir,
Que d’une colline l’on voit aller
Des confins des landes dans une all&e
Qui tourne – ainsi cette troupe quitta
La plage &tir&e, Mai ne les quitta
Pas des yeux tant que les oiseaux criaient.
Puis la peur fondit de son visage, et
Sa main reposait en r&ves pr&s d’elle,
Petite et blanche dormait avec elle,
N’eut plus de r&ves, comme si la Mort
Les avait tous emport&s dans le nord.
&Quelqu’un sait-il le plus beau sur la terre,
Le plus beau de tout ? Dont on voit un air
Dans tout ce qui nous donne de la joie ?
Qu’on aime en ce qui vit autour de soi ?
Par quoi l’un veut l’argent, l’autre la femme,
Ou tel lui-m&me, alors que tous s’affament
Apr&s ce qui n’est en r&alit&
Qu’un mot ? Qui le sait ? Eh bien, &coutez.
C’est pourquoi le poussin cherche la poule,
L’enfant le sein, pourquoi moi je refoule
L’automne et l’hiver, qui semblent la nuit
De l’ann&e – pourquoi un jeune enfant fuit
L’&clat des &toiles mais non le feu
D’une bougie blanche – d’un air heureux
Il veille longtemps sur son oreiller,
Suit des yeux la vacillante clart&
Et la flamme br&le encore en ses r&ves.
C’est pourquoi la musique nous &l&ve
Mais le marbre m’apeure, et sa blancheur,
Pourquoi j’aime tant la rose et l’odeur
Des beaux fruits et le velout& des pommes.
C’est pourquoi la femme promet & l’homme
La chaleur de ses bras, se r&jouit
De la nuit nuptiale et le remercie
Pour son amour, et pour lui c’est pareil.
C’est le feu, la chaleur, c’est le soleil.
&Les nuages devinrent clair carmin,
Les flaques grises luisaient, et du vin
Se m&lait ici et l& & la houle,
Tel un feu du Bengale que refoule
L’&cume des vagues, mais riait haut :
Ainsi rit le vin dans un verre d’eau.
La mer devint comme la Gr&ce ancienne,
Ou ce qu’il en reste, jadis fut pleine
& pr&sent par terre
Colonne et chapiteau bris&s : la pierre
S’effrite en morceaux et s’assombrit d’ombres,
Des œillets poussent, abeilles en nombre
Y butinent, pourtant paraissant sombre
Quand le soleil brille & peine. – Et la danse
De toutes couleurs s’ouvrit en cadence
Sur le bastion des nuages dans l’ouest.
Le vent se leva et un drapeau leste
Sembla claquer, ainsi qu’un cygne blanc
D&gourdit ses ailes pr&s d’un &tang,
Les plumes volant aux coups de soufflet :
L’&cume s’&parpilla en duvets.
Le soleil fit des dorures, un miroir
Sculpt& flotta en mer, l’on pouvait voir
Le jeu des couleurs et dans chaque auget
Naissaient des couleurs, couleurs se cachaient.
L& c’&taient bulles iris&es, mais sur
La plage les couleurs du pays pur
Que font les coquillages : violet,
Gris nacr&, jaune d’ambre, qu’encadraient
De petits coquillages de grenat.
De l& venait un brouillard incarnat
Qui se satinait en lueurs ivoire
Partout. Mais ce fut miracle de voir
Quand Mai s’&veillant y plongea les bras,
Dress&e, s’appuyant sur ses mains & plat
De telle mani&re qu’un craquement
Se fit entendre – sur son somnolant
Visage un rayon oblique s’allume
Que son sang tremble, du rebord des dunes.
Des yeux chercha le soleil sur leurs cr&tes,
&Eclata de rire, le cœur en f&te,
Se leva d’un bond, jupe remontant
Au-dessus du genou – puis elle attend –
Quiconque a vu l’&t& pr&s d’un ruisseau,
&A travers les champs et dans les roseaux,
Rire une nymphe des bois au moment
O& l’alouette chantait, un gardon
Sautait hors de l’eau, une libellule
Flottait dans l’azur sur les campanules :
Moi j’entendis ce rire dans les landes,
Le soir alors qu’une abeille gourmande
Rentrait en trombe charg&e de pollen.
Les collines s’assombrirent, la tra&ne
Jaune et pourpre recouvrait l’
Une nymphe allait dans les fourr&s, on
Pouvait voir ses yeux briller, et bruissaient
Les feuilles mortes, sa huppe dress&e
Se d&tachait du ciel, puis un babil
Sonna et un rire de joie facile.
Elle a ri comme un oiseau chante un temps,
Rossignol caressant l’air de son chant,
Bec ouvert sur un rameau immobile
Pr&s d’un &tang, le feuillage f&brile
Laissant passer peu de lumi&re, au loin
Il y a des rumeurs, mais le refrain
De l’oisillon domine tout quand m&me. –
Ainsi rires sa bouche & tous vents s&me.
Elle attend, puis elle part en courant,
Ses pieds rouges troublent le sable blanc,
Cheveux couvrant sa jupe immacul&e,
Avec de grand gestes d&sordonn&s
Des bras et des mains comme un enfant, jette
Un cri qui tinte comme une clochette.
Sur la dune escarp&e elle se dresse
Dans l’oyat agit&, le vent caresse
Son visage et ses cheveux, qui d&valent
En cascade d’or, comme si la salle
Du ciel se vidait par l’escalier d’or,
L’azur cach& par l’or, claquements forts
D’&toffe agit&e, et jaune lueur.
La mer pleure quand elle court vers l’int&rieur.
&Quand son p&riple magique commence,
Que la lune se l&ve, plus intense
Souffle le vent – que chacun la regarde.
Car qui la voit, tout au long de l’an garde
Assez de joie et m&me tout l’hiver
Voit ses yeux. Elle sautille l&g&re,
Ses bras se balan&ant comme un gr&ement
De bateau qui tangue. Suivie du vent,
Dans l’&clat d’or du soleil elle va
Sur de chauds glaciers de sable puis &
L’ombre.
&Dans toutes les dunes qu’elle escalade
L’accueillent les vallons en ambassade,
L l’attendent rang&es
De fleurs bleues et jaunes bien ordonn&es
Comme une foule enthousiaste au th&&tre.
Prononcent son nom d’un ton idol&tre,
L’eau & la bouche, les pernelles folles
Et les violettes dont les corolles
Se balancent dans la mousse en bataille,
Et les perce-neige dans les broussailles.
M elle poursuit son chemin
Vers un &tang dans les dunes, le bain
Des oiseaux, qui ne refl&te en &t&
Que petit b&tail en train de brouter
Le ciel avant de rentrer & l’&table
Aupr&s des bœufs o& une &toile stable
B d&s que le soir tombe
Les oiseaux y viennent, abeilles sombres
Butinent les pentes, le faible &cho
Du ressac parcourt les dunes, les hauts
Herbages se plient au vent. Elle boit,
La l&vre en sa main creuse – l’eau fron&a
Le sourcil quand la goutte s’est enfuie
Dans l’ lapant sa cheville
L’eau jaillit, tout redevint silencieux,
Muet, alors elle baissa les yeux
Et se vit elle-m&me. Sursautant
De frayeur r&jouie dans un instant
O& elle ne pensa pas, t&te pleine
De douce audace et de folie – sereine
La source – h&sitante elle fit un pas
Et se vit rougir, refl&t&e en bas
Comme un rubis sur le bleu des atours
De cour. De la voir est un festin pour
Les yeux : son sourire s’ourle si beau,
S’agenouillant pour s’embrasser dans l’eau.
Mais quand quatre l&vres se touchent l’œil
Voit son &clat de tout pr&s, l’eau effeuille
Son reflet et dissout en maintes rides
Les joues de la belle enfant, son limpide
Menton ballott& par les vaguelettes.
Patiente attend que les rides muettes
Meurent sur les bords. De sa bouche coule
Une cha&nette de gouttes en foule,
Pousse o& elle tombe la marguerite.
Assise au milieu des fleurs qui l’invitent
&A les regarder elle attend que l’eau
Stabilise son reflet & nouveau,
&Epelle les lettres de sa beaut&
En remuant les l&vres, concentr&e,
Voudrait pouvoir raconter ces merveilles
&A quelqu’un. Il n’y a que le soleil.
&Mais de l’&tang un ruisseau part, et erre
L’eau qui s’&claire en joyaux, une pierre,
Galet de marbre dans son lit, dissout
Du vif-argent, qui resplendit l& o&
L’herbe &paisse pousse. Et arbrisseaux vierges
Aux lourdes frondaisons peuplent ses berges,
Ce sont les auditeurs du doux ramage
Que produit l’eau. Il tombe d’un &tage
Et bavarde plus doucement dans l’ombre.
Lierre et foug&re &coutent, mais pas nombre
De hauts arbres, toujours pleins de rayons
De soleil, et de vent, de tourbillons
D’&tourneaux criards, mais tard dans la nuit
L’eau est audible quand le hibou bruit.
&Elle y alla comme un papillon blanc,
Taches de lumi&re en damier dansant
Sur ses jambes. Puis descendit d’un trait
O& le ruisseau tombait et d&bouchait
Entre deux pr&s, les caressant tous deux.
L& un saule se refl&te, ombrageux
Gardien, et le b&tail y vient le soir
Boire au courant, c’est l& que viennent choir
Les feuilles de novembre, et y dort
En d’&tranges mois l’&t& jeune encore.
Dans le coin le plus recul& du pr&,
Au milieu d’aulnes et de rouges haies
D’aub&pine un panier plein de fleurettes,
Plein & ras bord, de son bord tombe en f&te
Une guirlande de lilas, le poids
Des fleurs semble &norme, mais tout en bas
Dans l’ombre brille encore un bouton d’or.
Mai posa son pied dans le sable mort,
Des chevilles poussa dans le ruisseau
L’eau qui effa& sur les flots
La surface semblait rire & ses pieds,
Dans l’ombre en spirale encore y jouer.
&&A peine & terre elle vit de la sorte –
Ainsi qu’un enfant guigne par la porte
Le g&teau promis – des fleurs, s’y rendit
Au plus court par la haie qu’elle fendit
Que les boutons tremblaient, et renversa
Le panier avec un grand cri de joie.
Ramassant des brass&es dans la ros&e
Elle dansa dans le pr& ; d&cor&e
Fut chaque pelote de tr&fle, vol
De fleurs fleurit sa danse, un arbre au sol
N’en disperse pas autant quand l’averse
Sature ses feuilles – comme on d&verse
Des sucreries qui froufroutent et craquent
Le soir de Saint Nicolas, ou & P&ques
Quand on va cacher des œufs color&s.
Elle dansa et fleurit tout le pr&,
Aussi le ruisseau, car comme un jet d’eau
S’&lance en colonne et en gouttes d’eau
Retombe, ainsi ses &paules semaient
Des vols de fleurs, et elle en relan&ait
Et l’air les ouvrait. Quand un magicien
Lance ensemble ses balles de satin,
Que l’œil ne voit plus qu’un seul arc-en-ciel,
Ainsi les fleurs retomb
Elle les ramassa et les fixa
Aux bords des champs, que leur feu embrasa
Toute la Hollande. Les pr&s embaument
Jusqu’aux voiles des bateaux, au royaume
Entier les fleurs entass&es par le vent
Dans les pommiers le sont l&g&rement.
&Sous la haie elle chercha le repos,
Comme aupr&s de la vache un jeune veau
Replie ses faibles pattes, son menton
Emplissait ses mains, puis songea longtemps
Qu’en secret s’accomplissait sans surprises
Le travail de Mai. Ainsi une &glise
Est cisel&e pleine de haut en bas
De riches sculptures. Dans le beffroi
L’on voit les o
L’on repeint tout et pose des planchers.
Depuis la rue l’on n’en remarque rien. –
Elle se dit : & Allons voir si j’ai bien
Fleuri les pommiers, si le mur fruitier
Est d&j& ensanglant& du m&rier,
Voil& de vigne la grange & fl&aux.
Ou resterai-je & jouer avec l’eau,
Et m’amuser avec les papillons
Volages. Ou chercher les bons buissons
De sureau pour fabriquer une fl&te
Dont le son par la haie se r&percute
Dans le pr& voisin, faisant fuir les veaux
Au grand galop : le mauve aussi est beau
&A cueillir, le noisetier aussi doux
Et l’aulne aussi agr&able comme tout. &
Elle h&sitait, un papillon choisit
Pour elle en dansant sous son nez petit,
Se pliant et clignant, que l’&criture
De ses ailes se brouillait, des gravures
De runes, aussi les pr&cieux myst&res
Que l’on conna&t en Inde, &crits en vers
Sur des tapis d’orient. Et elle-m&me
Les connut, mais non sans qu’elle y prom&ne
Le doigt, semblable aussi au papillon
Dans ses mains, et avec grande attention
Elle regarda dans la cage rouge
O& le prisonnier plein de pollen bouge
Au bout de ses doigts. Elle &tait couch&e
Sur le dos, les genoux crois&s, press&es
Ses l&vres l’ont lu. Puis pendant des heures
Elle fixa le ciel, sans joie, sans peur.
&Jusqu’& ce qu’elle se tourne et sa joue
Compresse le corail de son bras mou
En ovale au lieu de ronde colonne.
Par-dessus sa main elle voit, s’&tonne,
Deux yeux et un corps de femme couch&e,
Comme elle est & l’ombre dans la ros&e,
Dans l’autre pr& sous l’&clat du soleil.
Sa voix & l’&clair de ses yeux pareille
Commence & parler, et c’est diamants :
& Je suis couch&e ici aussi longtemps
Que toi de ton c&t& jouis des fleurs,
J’y &tais d&j& quand la glace en pleurs
Gelait la cascade. Les nuits d’hiver
J’ai grimp& les dunes du bord de mer
Pour faire le guet au sommet des cr&tes
Quand – plaisantant aussi dans la temp&te –
J’avais entendu l’appel des Tritons.
Mais je ne voyais au septentrion
Que lueurs de glace polaire et bleu
Couleur de solstice d’hiver, mes yeux
Coulaient et moi je trembl
Alors venais ici r&ver des charmes
Du printemps et de toi – puis un matin
La brume alluma les champs et enfin
Les oiseaux volaient. Alors j’ai cherch&
L c’est toi qui les a exauc&s. &
Ainsi dit-elle, et l’autre demanda,
Et ce fut comme un vol d’oiseaux qui va
Voltigeant au village pour aller
Picorer les pav&s, porte et volet
Sont clos encore et nul ne veille hormis
Les oiseaux – c’est ainsi qu’en ce pays
Tout se tut, jusqu’aux &pis, le ruisseau
Ne su&ait plus son mors, au bord de l’eau
Le saule retenait son bruissement
De feuillage et le li&vre &galement –
& Entends-tu aussi murmurer la mer,
Je l’entends volontiers, car c’est amer,
N’est-ce pas, un peu, et mes sœurs l&-haut
Sur le soleil en entendent l’&cho
Et en sont tristes : si seule & toute heure
Parle-t-elle, on dirait parfois des pleurs.
Pourtant j’aimerais l’entendre du soleil,
Son murmure la source sans pareille
De tout ce qui existe sur la terre.
L’on peut tout entendre dans son chant clair,
Car elle conna&
Ainsi j’ai d&duit des noms les merveilles
Que j’entendais, et me r&jouis tant
Quand ce fut enfin mon tour, maintenant
De mille objets j’ai d&j& dit le nom.
Puis ici j’ai trouv& ta floraison
Et toi-m&me. Qui es tu ? Vis-tu seule,
Est-ce ton eau, et de toi que se veulent
Toutes ces filles de fleurs ? J’aurais cru
Qu’elles auraient attendu ma venue. &
Ainsi dit-elle, et le vent souffla bas
Dans la haie d’aub&pine et puis cessa.
Alors parla dans l’&clat du soleil –
Et ce fut & une cloche pareil
Qui appelle de loin les paysans –
Cette femme : & Ta voix ma belle enfant
Est & l’appel d’un tourtereau semblable
Appelant sa tourterelle. Adorables
Tr&sors & l’ il ferait si bon
Rester & &couter le carillon
De ta bouche : abondance d’une mare
De miel, pollen pour abeilles, nectar.
J’irais bien dans ce palais si petit
Au creux de ta poitrine, paradis
De sang et d’ombre qui joue, le z&phyr
Qui souffle des pr&s y souffle & plaisir.
Mais je pr&f&re me d&tourner, puis
Tandis que je raconte qui je suis
Ne pas te regarder. Vois ce nuage
P&tiller l&-haut, et de son passage
Le soleil est d&j& & la moiti&
Et rit de sa fen&tre. Entends baigner
Au ruisseau un jeune moineau ses plumes,
Plus loin un veau s’&clabousse d’&cume
Et au fond des bois le coucou appelle.
Q la verte dentelle
Qui drape les arbres reste immobile,
Je vais conter qui je suis, sois tranquille :
Je suis n&e au beau milieu de ces champs.
O& les pr&s s’&tendent, o& l’on entend
Chanter l’alouette grimpant l’azur,
Les bœufs broutent, gouttant de ros&e pure
Et semblent d&river tels des navires.
Quand la lune appara&t le vent aspire
De blancs nuages, la brume &merg&e
Efface alors l’&toile du berger.
C’est le pays des foss&s au soleil,
L& o& les champs de tr&fle et le haut soleil
Tous deux sont ouverts, l’oiseau cherche en vain
U le pays des potins
De canards sauvages, & cause de l’eau.
L& des fermi&res font couler des seaux
De cr&me des pis les matins d’&t&,
L’anse cuivr&e brillant & sati&t&,
Et puis leurs parures de tous leurs ors.
La mer est tout & c&t&, aucun bord
Sablonneux ne l’en s&pare, encadr&e
De joncs et de p&querettes des pr&s,
Seul un fanal en bois surplombe l’eau.
Celle-ci valse tout autour quand tout en haut
Un feu s’allume et qu’un sombre voilier
Remonte au port en faisant sautiller
Les elfes dans l’&cume de sa proue.
L& vivait ma m&re et rougit sa joue
Quand elle me mit bas, car le roseau
Se pencha et l’annon&a au ruisseau,
Qui le dit & la mer et elle au lac,
Au-dessus duquel nuages en vrac
Flottaient. Ainsi un poisson l’entendit
E ce jour un bruit
De plumage emplissait le bois d’iris,
Mouette et h&ron gris, qui rentrait lisse
Au nid dans l’arbre. Je le vis l&-haut
&A grands coups d’ailes depuis mon berceau
Parmi les osiers. J’ai gard& m&moire.
Ma m&re &tait une ondine, et au soir
Quand la lune &tait un disque de flamme
La voyais venir & moi, haute femme,
Elle fermait mes yeux d’un doux toucher.
C’&tait aussi doux que saule ou fum&e,
Comme si la rose avait vers& l&
Sa boisson du matin, la nuit l’&clat
D’une cithare venait de la mer,
Qui sait, je ne l’ai jamais vu, mon p&re.
Je grandis l&, v&cus comme une agnelle
Qui gambade aupr&s de sa m&re, et elle
Au soir me tenait pr&s comme un mouton,
J’entendais son cœur battre, m’endormant,
Et regardant depuis mon chaud foyer
L’horizon au loin o& semble couler
Un ruisseau sur l’ourlet du firmament,
Bleu fonc& en r&vant
L’on croit voir les roseaux se balancer
Les &toiles en lucioles br&ler.
Puis, la cigogne chass&e par l’automne,
Pour la derni&re fois l’herbe gazonne,
L’air frais t&t le soir et l’eau assombrie,
&A notre tour on est alors parties
Au loin dans les bois o& les h&rons nichent.
L& un feu muet couvre les troncs, riches
Feuilles rousses voltigent dans la mousse,
Les branches craquent, la r&sine pousse,
Et le vent avive alors la flamb&e.
Nous march&mes entre les troncs mouill&s,
Crois&mes parfois une femme bl&me
Qu lorsque l’eau m&me
Tremble de froid dans le ruisseau, commence
Alors pour nous toutes la grande errance
Vers le soleil et le vent de l’&t&.
Dans la nuit partent celles qui l’&t&
Veill&rent sur les courants, les &tangs.
Se rassemblent sur la lande, dansant
Le satyre et l’elfe aupr&s d’Ob&ron.
Titiana aussi, sa couronne au front,
Gouttes de ros&e que la lune charme,
Dans son œil, joyau l&ger, une larme.
Et & chaque nymphe elle dit adieu,
Revenez-nous avec de nouveaux jeux
Pour l’eau, nous tous vous avons tant aim&es.
Elle m’embrassa, longtemps du sentier
Je me tournai pour la voir, sur un mont,
Entour&e de gnomes jouant du luth
Sombre et battant le
En route escort&es de fl&tes de pan
Nous accompagnaient sons de tambourins,
Un satyre avec un tonneau de vin
Vol& et des nymphes portant des plats
D’or pleins de grappes bleues, que l’alpaga
De leurs manteaux but du jus de raisin.
Ma m&re m’appela, quand des ravins
Mugit le vent portant les feuilles mortes
De la for&t jusqu’aux montagnes, forte
Douleur de pierre aux pieds, et de gr&lons.
Arrivions o& dans sa haute maison
Vit le soleil du Sud, h&te accueillant,
Des charpentes un tapis bleu descend,
Colonnes de marbre
Festons de roses des contr&es fleuries
Se balancent entre elles lentement,
De jour il emplit sa maison d’or, vents
Cr&e sur les lacs bleus, et ressacs altiers
Sur les monts, dans les pins et peupliers.
Mon logis &tait un buisson de roses,
Une urne de marbre au ventre grandiose
Me cachait et mon rosier, un sentier
De sable d’or menait & la cit&.
De l& des enfants bruns venaient nous voir,
Boucles d’or & l’oreille et beaux foulards
Au front, des m&res aux poitrines pleines,
Un moine & pieds nus, un mendiant en peine
D’un peu de pain et des &nes sans ruse,
De gais soldats et une cornemuse.
L’air &tait chaud, dans les rosiers dormant
Je voyais en r&ve ces gens bruyants. &
Ainsi dit-elle et Mai vit avec elle,
Comme un enfant qui dans le vent d&c&le
De hauts cerfs-volants. C’&tait un beau drame
Pour chaude journ&e et pour voix de femme.
Et ce fut comme si elle pensait
Aux vieux mots quand elle dit : & Je rentrai
Dans le Nord au moment o& les bourgeons
Poussaie nous revenions
Avec les oiseaux, canaris, pinson
Qui y vit : l& l’on entend sa chanson. &
Elle parlait mais s’entendait & peine,
Retira les mains de son giron, pleine
Se leva comme b&tail blanc du pr&.
Ainsi parla, mais les yeux &gar&s
Au-del& des bois o& du blanc brillait,
Le sommet d’une tour ou un palais :
& Pour ce qui me reste & conter ne sont
Ni ce pr& ni cet &clat : la passion
D’un apr&s-midi de mai s&cherait
Les larmes que tes doux yeux verseraient,
Pleurant d&j& quand je parle de pleurs.
Tu vivras longtemps, peut-&tre en ton heure
Retrouveras mon ruisseau, quand le pr&
Est blanc de brume et que tu t’es tromp&
De chemin. Marche alors le long de l’eau,
Tu l’entends chanter dans les blancs lambeaux,
Me trouves je te rends
Aussi p&le que brumes du courant. &
&L’air et le soleil sont tristes, p&lots
Q seul le bruit de sabots
D’un grand cheval s’entend dans l’herbe molle,
Qui s’effraie et galope, la queue folle.
Elle grimpe entre les troncs sur les brunes
F dispara&t sur la dune.
&Chaque chose cache une fine essence
D’autre chose. Ainsi l’homme en apparence
Est un piano, aussi mort, mais & cordes.
L’une vibre, puis l’autre, ainsi s’accordent
&A tel son du dehors, parfois se nichent
Ensemble. En cela l’&tre pauvre est riche –
Rangs de sentiments sont en lui dormants
Et se r&veillent tandis que d’enfant
Il devient vieillard – Ah, beaucoup se r&vent
&A mort, jusqu’& ce que la vie trop br&ve
Soit pass&e – ch&teau enchant& d’un conte,
Aux murs cach&s par
Dedans tout est silence, sentinelle,
Page et cour dans un sommeil &ternel.
Mais un prince arrive et prononce un mot,
Alors s’&veille et s’ouvre le ch&teau,
Les chambres s’&tendent & la lumi&re
Et les gens y marchent debout et fiers.
Ainsi est notre &me, o& chaque surprise
Peut &veiller une autre de l’emprise
De son sommeil, tintant comme sonnette
Dans l’antichambre, ou source guillerette
Au plus profond des bois, qui nous r&clame.
La musique &veille musique en notre &me,
Qui sort sous des aspects originaux
De notre esprit en cherchant cet appeau.
&Ainsi naissent des images fugaces
&A ce r&cit dans la salle des glaces
De son esprit d’enfant. Et elle-m&me
Semble errer entre elles, pleurant et bl&me.
Ce fut un enchantement de tristesse,
Le premier doux manquement d'all&gresse,
Chaude source de larmes inondait
Son cœ alors le soleil dispara&t,
Il y a un jeu de brouillard dans l’&me
Et les doux rayons de la lune enflamment
Le lent ressac d’une mer de douleur.
S ferma les yeux de peur
Que cela ne se brise & la lumi&re
Du soleil comme un bourgeon qui se perd. –
Mais ainsi sont les enfants et les gens –
Leurs tristesses mettent bas des enfants
En douleur, et ceux-ci meurent – ainsi
Se dissipa sa peine. On aurait dit
Fum&e tournoyant dans la chemin&e
Jusqu’& ce que le vent l’ait dispers&e.
&Et Z&phyr se trouvait dans les buissons
Qu’elle approchait, il poussait le basson
De sa voix, mais cessa quand il la vit
Et tendit la main, et en riant dit :
& Ne reste pas l&, ma voix est trop rude
Pour des oreilles de nacre si prudes.
Je chanterai aussit&t que ma gorge
Sera d&gel&e, pour l’instant je forge
Ces cloches fleuries. & Tandis qu’il parlait
Il secoua un arbrisseau, et Mai
Fut couverte d’une pluie de gen&ts.
Lui saisit un l&ger coquelicot
Se balan&ant depuis peu dans des flots
De tr&fle, rouge et jaune en un bouquet
Qu’il lui offrit avec des gramin&es.
& Je n’ai gu&re de temps pour les guirlandes,
dois chanter. & Il ouvrit la bouche grande
Et chanta – Mai rit & gorge &ploy&e.
Il fut f&ch&. Elle s’en est all&e.
&C’&tait l’apr&s-midi. Des bois sortait
Le doux souffle d’or du soleil, chantaient
&A tue-t&te les oiseaux chanteurs sous
L d’un pont elle vit tout
Voler & toute aile au-dessus des ondes :
Les geais bleus le long des berges f&condes
O& la glace clapotait et la mousse
Se formait en stalactites, sans frousse
Les pies noir-blanc se disputaient le jour,
D’un ch&ne des pics voletaient, et pour
Menu fretin : rouge-gorge et m&sange
Et merle que toujours sa voix d&mange,
Et pluvier. Tout fut silence devant
Son avance, &pi&e de yeux per&ants
Depuis les branches o& se balan&aient
Deux pigeons, un brin de paille tombait.
Statuette blanche elle prit la basse
All&e l& o& jamais la nuit ne passe.
Au matin une vapeur fra&che y rampe
Sur la ros&e, apr&s midi la lampe
Du jour brumeuse y br&le. Et o& l’all&e
Heurtait les champs mollement &tal&s
Au flanc d’une colline, elle s’assit.
Le ciel &tait en nuages serti
Comme un lac entre les rochers, tout ronds
Au loin & l’est o& l’arc de l’horizon
Se tendait. Un feu plus doux, plus &pars
Que les rougeurs dans les Alpes au soir
Br&lait sur ces montagnes de nuages.
Sans bouger elle vit un oiseau sage
Assis muet sur la branche tout pr&s,
Qui siffla soudain, et vit haleter
Sa gorge. Dans l’a
Du bois autour s’&levait brume d’or.
&Il est cinq heures, le lourd laboureur
Se tient noir dans la terre, du labeur
Fatigu& il s’appuie sur son r&teau.
Il voit un attelage de chevaux
Qu’un autre conduit le long du sillon,
Avant de tourner
Des oiseaux noir s’envolent, pris de peur.
De son mouchoir il essuie la sueur
De son front, marmonne,
Des flocons d’or neigent sur l’habit bleu.
&Un bruit s’approche de loin dans les bois,
Trottent dans l’air chaud des roues et des voix.
L& sur la route au gravier jaune et sage
Un b&cheron retourne &
Mais derri&re le bruit viennent d’abord
Des enfants aux jupes d’
Elles portent entre elles des guirlandes.
Et v&tues de blanc les filles plus grandes,
Main dans la main, sur l’herbe entre les pins.
L&-derri&re les chars sur le chemin,
Dont les roues filent la poussi&re dor&e.
C’ comme une poup&e
En dentelles la mari&e demeure
Au-dessus des tourbillons et des fleurs.
Les chevaux vont au trot que les clochettes
Tintent, le laboureur de sa casquette
S puis l’&clat des voix
S’&l&ve sur la route en cris de joie.
Et quand ils sortent de cette verdure
Le soleil brille sur les fioritures
Taill&es dans le char en mille reflets
Et sur les moyeux aux cuivres coquets.
Ainsi le cort&ge passe et se glisse,
Le bruit diminue, les gens rapetissent,
Seul le ton des bouquets, le blanc des filles
Reste en vue, les mors des chevaux qui brillent.
&Sur la pente s’&tend un champ carr&
Rempli de fleurs, cuvette redress&e
&A la lumi&re. Ils y dressent ensemble
La table, pr&te pour la f&te il semble,
Mais les h&tes ne sont pas l& ; de vin
D&j& remplies les coupes aux pieds fins,
Cisel& tulipes rouges et jaunes.
Autour des jacinthes & tige en c&ne
Des fleurs sombres & grappes bleu marine.
Un taillis les entoure, &mousse fine,
Et l&, comme sous la mer du corail,
Il y a encore aux arbres des feuilles
Mortes, par le soleil toujours rougies,
Mais par les fleurs leurs couleurs sont ternies.
&Dans ce val est un village o& fum&e
Fine foisonne autour des chemin&
&Ca aussi Mai le vit. Le soleil brille
Sur les toits rouges, de la rue le bruit
Monte des forges aux feux infernaux,
Le fer tinte sous les coups de marteau
Martelant en cadence des &tincelles.
Dans la rue vide Mai vit des donzelles
Bavardant & leur porte et un chien noir
Qui errait. Sous un tilleul vert & voir
Le soleil d’ouest un vieil homme se tenait,
Dans un jardin une femme sarclait.
Puis s’ouvrit la porte d’une &cole et
En sortit un rang d’enfants, tabliers
&A carreaux portaient les filles, fracas
De sabots, cri des gar&ons &clata.
Deux se battaient, les autres regard&
Puis le ma&tre est venu, alors par paires
La main dans la main sont rentr&s chez soi.
Elle les vit aller ici et l&
Dans les champs, sur les ponts, le long des haies
Et dans les rues o& ils disparaissaient
D’un coup dans les maisons, dessous les toits.
Puis tout fut silence, & part les &clats
Du fer, et de l’&table un meuglement.
Dans la grand’rue elle put voir comment
Flottait au vent un buisson de lilas,
Une paire de pigeons s’envola
En claquant de l’aile & grands coups press&s
Et tournoya dans le ciel escarp&.
&La cloche &branla avec insistance
L’air tremblant & des heures de distance,
Alors Mai partit aussi par les pr&s,
Loin o& l’herbe s’&talait saupoudr&e
De brillants mouill&s. Barbu de rayons
Le soleil caressait la cr&ation
Et l’admirait l’œil humide. Une ville
S’&talait rouge et blanche, si tranquille
Au soleil qui par la porte de granit
Emplissait & ras bords ses rues limpides.
N’ai-je m&me dans le souffle odorant
Du soir , sentant le foin, vu cette enfant
Au-devant de la porte sous les h&tres ?
J’h&site... se glissa-t-elle peut-&tre
Sous mes yeux entre mes songes, si belle
Ombre de r&ves. Non, c’&tait bien elle.
Ne t’ai-je pas bais&, ma douce Mai,
O& le ruisseau longe la route, aupr&s
Des saules bleus. Oh ! oui, c’&tait bien toi,
Ta joue aussi douce que poils de chat,
Bouche m’embrassant
Mon sang la mer, tu &tais le tangage
D’un bateau sur mon torse le portant.
Semblais pleine de secrets, les sentant
monter en toi, brouillard chaud je les lus,
Questionnant. Quelle lampe tu parus
Pour mes mains, et moi pour toi une abeille
Butinant ton miel, Oh ! Mai sans pareille
&Parfois quand le soir j’essaie de dormir,
C’est comme si je sens tout pr&s fr&mir
Ta douce haleine et tes cheveux fluides.
Tes yeux muets sont deux flammes limpides
Dans le coussin o& je suis &
Quand je pars en r&ve elles br&lent tendres.
Comme quand enfant autour de tes pieds
Fleurs embaumaient et nuages l&gers
D&filaient sur ma t&te, que la lune
Fleurissait, Ph&bus parti sous les dunes.
Je restais pr&s de toi, pr&s de ta source
D’eau vive, o& l’on voyait rouge la course
Des elfes sur le jaune du sable et
Des profondeurs des cristaux bouillonnaient.
Tu parlais, m’offrant un tr&sor de mille
Secrets que moi j’emportais dans la ville.
Tu restais dans mes bras, belle enfant chaude,
Dans ta blondeur l’odeur des joues rougeaudes.
M’offrais tes l&vres en cerise ronde,
J’en ai mang& les baisers & la ronde.
Tu as fui mes bras mais je t’ai saisi
Par la main et men&e dans mon pays.
&Ce n’&tait pas loin mais &a semblait long,
C’&tait le soir et venaient des chansons
Du val o& des gens vivaient, bien des heures
Nous les avons &cout&, leur labeur
Termin&, eux contents – il vint aussi
Un oiseau noir dans le ciel, qui fondit
Tr&s vite devant le soleil couchant.
Des taillis une source doucement
Parlait en soi, une enfant, mais se tut
Quand elle vit qu’on l’&coutait, perdu
Pourtant un rire ridait toujours l’eau.
Nous v&mes aussi un nid o& yeux clos
La poule et le coq nichaient plume & plume
Mais en grande h&te nous nous en f&mes.
&Puis nous arriv&mes o& fleurissant
L’aub&pine emplissait la nuit sans vent,
O& son odeur ferme et franche entourait
Chaque branche. Ici une obscurit&
Cachait ton visage et avons atteint
Un val, en silence, main dans la main.
Tout ici &tait merveille, et l’envie
D’y errer pour toujours ou du pays
Sonner d’un carillon d’argent sans fin.
&Etendue & mon c&t&, de ma main
Comme du pain Mai mangeait des baisers,
Comme une m&re sur moi s’est pench&e
Et sans me quitter des yeux d&clara :
& Les baisers pleuvent de ma bouche et toi,
Gar&on assoiff&, toujours redemandes
Des gouttes au nuage. Je commande :
Retourne en ville & – J’attendis longtemps,
Cœur battant, sa douce joue reposant
Contre la mienne – elle dit : & Chaque all&e
M’invite, laisse-moi d’ici aller
Chercher tout ce qui em
Entends le rossignol chanter ses trilles
O& les fleurs foisonnent, leurs pleins calices
Un mets de f&te dans l’herbe, et p&lissent
Les coupes de mousse jaune et sucr&e. &
Semblant d&j& les boire elle a l&ch&
Mes doigts. Je suis rest& longtemps & voir
Comment dans les taillis elle allait boire
Maint calice de rose ou de pens&e
Qui rouge et bleu dans l’ombre avait pouss&.
&Alors elle d&couvrit, du sommet
De dunes sur la lande qui formaient
Un cercle de remparts, retranchement
D’un camp peu profond, une d&pression
Remplie de bruy&re, sans fleurs encore.
Elle en &vin&a une abeille fort
Affam&e de miel, s’y assit, cacha
Les feux du soir qui brillaient sous ses bras.
Et c’est l& qu’assise sous ce couvert
Elle suivait de ses yeux grands ouverts
Le va et vient de quelques pousses tendres
D’herbe qui du bord n’osaient se d&fendre
Quand la brise abrit&e du soir passait
D’un vol invisible et les agitait
En s’&tonnant m&me elle-m&me un peu.
Elle admira comment la vitre bleue
Du firmament s’embuait de t&n&bres,
Et ne restait qu’un souvenir fun&bre
De la rougeur dans l’ourlet boursoufl&
D’un nuage rouge – il avait &t&
Cr&me le jour, & pr&sent violettes
D&laiss&es mais travers&es de coquettes
Lueurs mauves, dans un champ solitaire.
Plus bas s’enracinaient en basse terre
Tremble et bouleau, dont le chuchotement
Tremblait sur la pente. En eux &tonnant
Logeait une frayeur du cr&puscule,
De tout vent capt& dans leurs follicules.
Oh ! il bruissait bien des bruits & cette heure,
En bas des nains courb&s recherchaient leurs
Vieux livres et les sortaient de la terre.
Ce sont eux qui la nuit cherchent les pierres
O& jadis les druides gravaient leurs
Adjurations contre les maux de cœur
Des jeunes h&ros. L’on entend toujours
Leurs coups de ciseau. Quand & l’ouest le jour
Fut bien mort de jeunes elfes sortirent
De leurs maisons sous terre, o& ils transpirent
Le jour & creuser des couloirs de mine,
Et leurs lumignons dans l’herbe illuminent
Des salles d’&meraude. Et un lutin
Est assis l& avec des parchemins,
Dans une robe jaune, et &tudie
L’art m&dical, la goutte, et que r&git
Le pouls et le cœur. Tout autour lutinent,
Rient et dansent des elfes f&minines,
Leurs habits claquant tels des &tendards.
Tout s’agitait en ce lieu dans le noir.
&Mais des clameurs faisaient bouger au loin
La robe en soie du ciel. D’un si&cle ancien
Des sorci&res & l’horizon volaient.
Elles portaient des enfants : Mai pouvait
Entendre leur supplice et bruits de gr&le
Des tra&nes dans la maison paternelle.
&Voil& la lune, comme un amiral
Debout & la proue, v&tue de m&tal,
Un bouclier d’or, cinglant dans l'&ther.
Blanches se gonflent les voiles, la mer
Bout et se dissout en gouttes de mousse.
La flotte &toil&e de c&t& se pousse
Et lib&re la voie – comme un h&raut
Un nuage vola avant, portant beau
L’or et blanc de sa ma&tresse, et un cor
Il semble emboucher brun et rouge d’or.
&Qui peut supporter l’&clat d’un soleil
Nu, chauff& & blanc ? Mai dans son sommeil
Ne le pouvait pas. Et toute la nuit
La lune la vit et dor&e lui rit.
&Dans l’ombre tremblante de la for&t
Douze tout petits chevaliers touchaient
L’or que la lune &miette dans les branches,
D’abord en cordes, le vent y &panche
Sa plainte au plus profond des nuits d’&t&.
Puis l’or s’&tend sur la sombre port&e
Du bois, se brise en &chardes dor&es,
Qui touchaient douze petits chevaliers.
&Ils portaient des manteaux blancs, blancs tricots,
B&rets emplum&s, ils montaient au trot,
La lune sur leurs armes en reflets,
Et se rang&rent en cercle au sommet.
&Ce sont l& les douze heures de la nuit,
Qui montent la garde autour de la fille
Tels des enfants dans leur ronde enfantine.
&A tour de r&le quittant la rondine
L’un deux abandonne les autres, et
Se presse au-del& des bois et des pr&s,
Grimpe l’escalier d’une tour tr&s vieille
Et sonne son heure, ses amis veillent
Et voient son manteau au-dessus des dunes
Qui brille ivoire sous l’or de la lune.
&Ainsi dans la nuit douze chevaliers
Montaient la garde autour de jeune Mai,
Et sous la lune immobile ils rest&rent
Immobiles, leurs &p&es dans la terre.

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